Une année hors du commun à l’IHEDN : pourquoi j’ai choisi de me former aux enjeux de défense et de souveraineté numérique

Alors que le monde militaire ne faisait pas partie de ma culture initiale, rien ne me prédestinait à suivre une formation à l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN). Et pourtant, en 2023, j’ai choisi de m’engager dans la 4ème session nationale dont le but est « Maîtriser les enjeux de défense et de sécurité pour décider au niveau stratégique » dans la majeure souveraineté numérique et cybersécurité. Une année marquante, à titre personnel comme professionnel, que je souhaite aujourd’hui partager.

Tout est parti d’un ami d’enfance, ancien commandant de sous-marin nucléaire, qui m’a parlé de l’IHEDN, passionné par sa session et profondément enrichi par sa formation. D’autre part, l’invasion de l’Ukraine par la Russie m’a causé, comme à beaucoup, un choc qui m’a profondément interrogé sur mon engagement pour mon pays. Que savons-nous vraiment de nos capacités de défense ? Comment la France se prépare-t-elle à tous ces bouleversements géopolitiques ? Et quel rôle chacun peut-il jouer ?

C’est en explorant le programme et en me renseignant auprès d’anciens auditeurs que j’ai été convaincu. Créé en 1936 et placé sous l’autorité du Premier ministre, l’IHEDN a pour vocation de faire dialoguer civils et militaires autour des grands enjeux de défense, de sécurité et de souveraineté. Sa session nationale rassemble chaque année des auditeurs issus de tous les horizons – entreprises, administrations, monde académique, syndicats – pour un cycle exigeant de 40 jours répartis sur dix mois. Le format, mêlant conférences de haut niveau, missions sur le terrain et travaux collectifs, favorise une immersion concrète dans les problématiques stratégiques contemporaines. On peut en consulter le détail sur le site de l’Institut : www.ihedn.fr.

De mon côté, j’ai choisi la majeure « Souveraineté numérique et Cybersécurité ». Et, j’y ai trouvé bien plus que ce que j’étais venu chercher. D’abord, une prise de conscience aiguë de notre dépendance aux GAFAM et aux chaînes logistiques mondiales (terres rares, composants critiques…), mais aussi des attaques des puissances hostile à la France, dans le champ informationnel pour tenter de déstabiliser notre pays. L’approche stratégique de l’IHEDN apporte un éclairage pragmatique, direct et stratégique.

Cette formation m’a plongé dans une année dense, passionnante, et profondément humaine. Nous étions 46, venus d’horizons divers – Cadres d’entreprise,Iingénieurs, Hauts- fonctionnaires, Parlementaires, Syndicalistes. En 42 jours de sessions, nous avons créé une communauté soudée, partageant réflexions, débats et découvertes.

Les moments forts ne manquent pas : bivouac en forêt équatoriale avec les légionnaires du CEFE en Guyane ; démonstrations de capacité militaires que ce soit pour la protection des lancements d’Ariane 6 au centre spatial de Kourou ou la lutte contre l’orpaillage illégal ou plus simplement l’armée de l’air et de l’espace sur la base de Creil ; rencontres avec des acteurs clés de la cyber (ANSSI, COMCYBER, VIGINUM…), visite du Capitole à Washington pour rencontrer des parlementaires sur les sujets du numérique ; immersion à l’OTAN sur la base de Norfolk au US ; échanges avec des eurodéputés et de parlementaires à Bruxelles ; conférence des diplomates, du chef d’état-major des armées et discours de clôture du premier ministre… Autant d’occasions de mesurer les enjeux de défense, dans toute leur complexité, leur technicité, mais aussi leur impact humain et géopolitique.

Nous n’avons pas été de simples observateurs et c’est aussi la force de l’IHEDN pour nous engager : mon groupe a travaillé sur un rapport autour des enjeux de cohésion nationale dans le champ informationnel à la vue des ruptures stratégiques – influence des réseaux sociaux, IA, recompositions géopolitique multilatéralistes – en formulant des pistes d’action concrètes.

C’est aussi le but de l’IHEDN : passer du diagnostic à l’action –  « comprendre pour agir, se comprendre pour agir ensemble ». Pour ma part, à la suite de cette formation, plusieurs possibilités se dessinent : rejoindre les réseaux d’anciens auditeurs pour accueillir les nouveaux et promouvoir l’institut, m’engager comme réserviste citoyen,  ou encore accompagner des officiers supérieurs dans leur reconversion civile. Sur le plan plus professionnel, mon engagement pourrait être au sein du groupe SNCF, dans la liaison avec les besoins stratégiques de défense et notamment le sujet de la logistique ferroviaire militaire. En tant qu’auditeur IHEDN, j’ai désormais rejoint le groupe Défense interne SNCF. Une chose est sûre, cette expérience a été exceptionnelle, et je souhaite mobiliser les acquis pour la suite de mon parcours. Plus qu’un cursus, cette année a été une transformation : envie d’apprendre, d’agir et de transmettre.

Je recommande vivement cette expérience à tous ceux qui veulent comprendre le monde d’aujourd’hui – et peser sur celui de demain. L’IHEDN, ce n’est pas un simple cycle de formation : c’est une aventure humaine, civique et intellectuelle. Une année qui vous pousse à sortir de votre zone de confort. Une année pour prendre du recul, mais surtout pour agir.